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Livre d'or
Chapitre V

 

 

Chapitre V

 

Du Traité de Turin à la Révolution française.

 

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Par le Traité de Turin, Valleiry était devenu terre du roi de Sardaigne – sans autre emprise.

 

Il ne faut pas s’imaginer que ce gouvernement fut dur et agressif. Mais apprécions toujours les mesures, les décisions à la lumière du jour qui les a vues éclore.

 

Pour le plus grand bien du peuple, il convient de ne pas brusquer les réformes. L’idéal entrevu se réalise peu à peu. Il est préférable de pratiquer une certaine patience que de descendre dans la rue pour y faire des massacres.

 

De l’esclavage, la société avait passé au servage et à l’organisation féodale. Mais, au cours du XVIIIè siècle, en Savoie, l’on comprit qu’il y avait mieux à faire. Ce mieux fut amorcé sans une révolution et plus avantageusement que par une révolution.

Le 19 décembre 1771, Charles-Emmanuel ordonna le rachat général de toutes les rentes et redevances féodales. Or un rachat obligatoire est toujours en faveur de l’acheteur. Le roi de Sardaigne voulait donc opérer, par des moyens pacifiques, l’œuvre que la Révolution française réalisera, quelques années après, par la violence, en accumulant les ruines et les crimes.

L’une des régions du diocèse de Genève où l’affranchissement se fit le plus vite et le plus facilement est la région de Viuz-en-Sallaz, Saint-Jean-de-Tholome, Bogève et la vallée de Boëge, par arrangement amiable conclu à Bonneville, en juin 1782, avec l’Evêque, seigneur temporel de ces terres. Une fois de plus, se vérifiait le dicton populaire : “ II fait bon vivre sous la crosse ! ”

A Valleiry, la servitude foncière fut éteinte par le traité de Turin. L’Evêque imposa seulement quelques charges matérielles à ses nouveaux diocésains, en conformité avec la loi civile, pour l’entretien du Curé qu’il leur envoya. C’était juste, et dans les coutumes de l’Eglise, pour l’érection d’une paroisse.

D’autre part, la Commune fut, dès lors constituée, sans aucun doute. Nous ne pensons pas qu’elle le fut plus tôt. Car, auparavant, l’administration genevoise avait un représentant à Valleiry : le pasteur. Tout devait s’exécuter, même au point de vue civil, sous son contrôle immédiat. Il n’est pas possible qu’il y eut, aux jours du Calvinisme, un véritable Conseil communal. Le boulet de la dépendance de Genève qui était rivé aux destinées de ce coin de terre interdisait toute initiative à ses citoyens.

Mais l’édit du roi de Sardaigne du 19 décembre 1771 changea la face des choses. Dès ce moment, Valleiry se gouverna sur le plan savoyard, avec un syndic et quelques conseillers.

Le premier syndic dont nous apercevons le nom est Marin Dunoyer. Il était en charges, en 1768, lors de la visite épiscopale faite par Mgr Biord.

Après lui, c’est Claude Chautemps qui, d’abord syndic, reçoit le nom de Maire, en 1793, à l’époque de la Révolution française. Il écrit, à cette dernière date, aux Registres, d’une plume alerte, très lisible et très correcte.

Antoine Galley est son successeur en 1803 ; Jacques Saultier, en 1807. Celui-ci écrit, cette année-là, la copie d’un acte de Baptême.

Mentionnons qu’aussitôt après l’exécution du traité de Turin, un certain nombre de familles catholiques vinrent, de différentes régions, se fixer dans notre paroisse. Ces nouveaux venus contribuèrent à donner une allure plus chrétienne à l’ensemble de la population. Du reste, évidemment, le chiffre de celle-ci ne s’accrut pas tout de suite. La balance se fit à peu près entre le nombre des partants et celui des arrivants.

La région du Salève avec la famille Corajod, la région des Bornes avec la famille Jacquemoud, de Menthonnex, et la famille Vuagnoux, de Groisy, fournirent un certain contingent. Nous ne pouvons pas indiquer nettement les fermages obtenus par ces familles. Mais cette précision n’a pas d’importance.

D’autres familles vinrent encore, au cours du siècle dernier. Il en vient toujours, attirées par la proximité de la gare, la facilité du commerce et l’aménité des habitants.

 

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Des mouvements de peuples, de familles et d’individus ont toujours eu lieu, sans qu’on sache parfois pour quels motifs. L’attrait de la nouveauté, le besoin de changement d’horizon, surtout l’intérêt et les affaires ont retenu fréquemment, plus qu’ils ne le pensaient tout d’abord, les hommes loin du toit paternel.

C’est ainsi que, peu de temps avant la restauration du culte à Valleiry, Antoine Gaimard, de Roissac, au diocèse de Die, aujourd’hui rattaché à celui de Valence, venait se fixer dans notre paroisse, où il demeura.

Au début du XIXè siècle, c’était un nommé Clisson, de Saint-Pierre du-Chemin, au diocèse de la Rochelle. Dans un acte de catholicité, il est indiqué comme habitant de La Joux.

Un peu plus tard, Philibert Favre épousait Agnès-Rose Bœuf, de Saint-Restitut, dans la Drôme.

Par contre, un Polonais, Jean-Baptiste Buskoski, mourut à Valleiry, à 83 ans, veuf d’une femme du pays, Marie Bocquet.

Le 27 juillet 1846, Bernard Martin, 29 ans, natif des Gets, demeurant dans la paroisse des Rousses, fils de Claude, demeurant à Valleiry, épousa Marie-Joséphine Bailly, native de Mortier (Ain), et s’établit dans le pays de sa femme.

Il n’y a rien là à expliquer : ce sont des faits qui se reproduiront jusqu’à la fin du monde.

La famille Delécraz, de Valleiry, qui a pris de l’importance, est venue de Dingy-en-Vuache.

 Son nom paraît, la première fois, pour Valleiry, à un acte de Baptême, du 27 décembre 1789 celui d’Etiennaz, fille de Jean-Claude Delécraz et de Claudine Courajoud. Du reste, il y avait une famille Courajoud à Dingy.

Ce n’est pas moins d’une centaine de noms nouveaux que les Registres de catholicité nous donnent, le long du XIXè siècle. Nous trouvons un Verdel d’Arenthon, une Cottin de Saint-Julien, une Decoux d’Annecy, aïeule de la famille Edmond Nouvelle, Denys Vuichard, de Savigny, etc.

 

Pendant environ cent ans, il y eut à Valleiry une famille Buloz, apparentée, sans doute, au célèbre Directeur de la Revue des Deux-Mondes qui, selon la spirituelle remarque de Louis Veuillot, “ d’un seul œil embrassait l’univers ”.

 

Le XXè siècle nous a apporté d’autres noms nouveaux : Bois, Collombat, Fol, Zattara, Dupont, Dérobert et beaucoup d’autres, sans compter ceux des fonctionnaires qui, naturellement, gardent l’esprit de retour à leur foyer natal. Je suis obligé de clore ici la liste qui ne se clora jamais.

 

Quelques-uns de ces immigrants pacifiques ont fait souche ; d’autres, après un certain nombre d’années, sont allés planter leur tente ailleurs.

Les gouvernants qui veulent comprimer les peuples, les familles, les individus dans l’étau d’un horizon forcément accepté, n’arriveront jamais à serrer assez fort pour empêcher les compénétrations. Après tout, c'est une question de liberté. Or l’Etat n’est pas fait pour contraindre l’expansion, mais pour favoriser l’intérêt et le développement des groupes sociaux et familiaux.

 

Le premier Curé nommé à Valleiry, après le traité de Turin, fut Révérend Blanc, né a Abondance, prêtre du 17 décembre 1746. Son nom n'a rien de commun avec la famille actuelle Blanc, de Valleiry, laquelle vint, vers 1880, de Veyrier-du-Lac, avec Antoine, père de Joseph, boulanger, aïeul de tous ceux que les septuagénaires de cette année 1940 ont connus : Georges, Gustave, Camille, etc., et autant de filles mariées dans la paroisse.

Révérend Blanc sortait de l’ordinaire. Chanoine de la Collégiale de Sallanches, il avait été, dans sa jeunesse, aumônier militaire. Ce sont probablement ces fonctions qui le désignèrent au roi et à l’Evêque pour le ministère de confiance qui lui fut assigné à Valleiry. Il demeura fidèle à sa petite paroisse qui – est-il dit à la Visite pastorale de Mgr Biord, en 1768 – comptait alors 260 âmes, dont 150 de Communiants. Il mourut à Valleiry, en août 1781, avec le titre d’archiprêtre que l’Evêque décernait alors ordinairement au plus âgé ou au... plus digne de la périphérie ecclésiastique.

Voici le récit de la réconciliation de l’Eglise, te1 que Révérend Blanc l’écrivit à son premier registre de Catholicité : “ La paroisse de Valleiry, formée des villages du dit Valleiry, de chez Berthet, de la grande et de la petite Joux, a recouvré son église, sa cure et son Curé, le Roi ayant bien voulu doter la dite église, la faire réparer et la pourvoir, à ses frais, des vases, ornements, linges et autres ustensiles nécessaires à une église paroissiale pour le service divin. En conséquence de quoi, Mgr des Champs de Chaumont, évêque et prince de Genève, a rétabli la dite église paroissiale sous le vocable de Saint-Etienne, son ancien Patron, par son ordonnance du 30 janvier dernier. ”

Révérend Blanc ajoute qu’il fut institué Curé, le 5 mars 1755. “ L’église n’était pas encore réparée, et elle ne l’a été qu’au commencement de juillet suivant. C’est pourquoi elle n’a été bénie (sic) et réconciliée que le vingtième du dit juillet 1755 par le Révérend Michel Conseil, Chanoine de la Cathédrale de Genève, Official et Vicaire général du diocèse – il devait devenir Evêque de Chambéry – étant assisté de Révérend Jean Puthod, Chanoine de la dite Cathédrale, Promoteur du dit diocèse ; de Révérend Biord, Docteur de Sorbonne, aussi Chanoine de la dite Cathédrale – il devait succéder à Mgr des Champs. ” – “ Révérend Biord, raconte le bon Curé, a prêché, à cette occasion, un sermon qui fait envier à tous ceux qui ont eu l’avantage de l’entendre les rares talents du savant sorboniste. ”

“ Révérend Michel Conseil, Vicaire général, fut assisté encore de Révérend de Dichat, Curé de Saint-Julien, aussi Chanoine de la même Cathédrale, et encore de Révérend de Roget, Chanoine de la même Cathédrale, Curé de Cernex, et encore de Révérend Guilliot, Docteur en théologie, Archiprêtre de Gaillard et Doyen d’Annemasse, et de plusieurs autres Curés et simples prêtres, tant de l’Archiprêtré de Ternier que de celle (sic) de Chaumont. ”

 

Jamais Valleiry ne vit pareille fête religieuse. “ II y eut, continue Révérend Blanc, un très grand concours de peuples (sic) qui y sont venus de toute part, en sorte que l’église n’en contenait pas la sixième partie. ” Quel soupir de joie pour cette population qui avait plié trop facilement sous le joug calviniste !

 

Révérend Blanc profita de la circonstance pour avertir sa paroisse que “ Monseigneur a déterminé que l’on solennisera annuellement le patron l’église de Valeiry (sic). le premier dimanche du mois d’août, à cause de l’Invention de saint Etienne et qu’on ne fera point de pain béni (sic) le jour du dit Patron, quoiqu’il se rencontrera toujours le dimanche, pour ne pas multiplier les fêtes sans nécessité ”, conclut Révérend Blanc. Ceci laisse à supposer que le pain bénit n’était offert alors qu’aux jours de fête.

Du reste, un successeur de Révérend Blanc a écrit, plus tard, en marge de ce règlement religieux : “ La solennité du dit Patron a été replacée à son jour primitif, le 26 décembre, jour de Saint-Etienne, en l’année 1818”. Les fidèles ne se soumirent pas complètement à cette rectification imposée par les lois de la Liturgie. De nos jours, le 26 décembre passe inaperçu comme solennité extérieure, tandis que le premier dimanche d’août est resté la fête populaire du village.

Il est regrettable que, dans son Registre de Catholicité, Révérend Blanc n’ait pas mentionné la paroisse d’origine des pères et mères de famille qui n’étaient pas nés à Valleiry. S’il l’avait fait, on saurait exactement, par le contraire, quelles furent celles du pays qui avaient échappé à l’hérésie. Ou encore, il aurait pu les énumérer en- quelques lignes. Alors, c’était facile de les connaître.

Au cours de son ministère, Rd Blanc eut le bonheur de recevoir quelques abjurations. Car tous les protestants n’étaient pas encore partis : ils avaient 25 ans de répit.

“ Le 10 avril, jour de Pâques 1757, écrit-il, les catholiques de la paroisse de Valleiry étant assemblés à la grand’messe, à l’église, pour l’entendre, honorable Jeanne, fille de feu Marin Deschamps, veuve de Jean-Louis Burlat, de la dite paroisse, âgée d’environ quarante et un an, née et élevée dans les erreurs et hérésies des prétendus réformés, les a abjurées au pied de l’autel où elle a prononcé, à haute et intelligible voix, la profession de foi de l’Eglise catholique dans le sein de laquelle elle est entrée au moyen de l’absolution que je soussigné, Curé de Valleiry, lui ai donnée de l’hérésie et de l’excommunication, Mgr l’Evêque, Prince de Genève, m’en ayant accordé le pouvoir. Entre ceux qui ont été présents à cet acte, Sr Matthieu Brunet, Jacques Saultier et Jean-Marie Ballet, tous trois de cette paroisse de Valleiry, ont signé ci-après et non la dite Jeanne Deschamps pour ne savoir écrire. ”

Ces trois signataires avaient une bonne écriture, surtout Jean-Marie Ballet. Ceci fait penser qu’ils n’avaient pas manqué de maître d’école, comme le fruit fait penser à la fleur. C’est, du reste, ce que le sénateur Duval a constaté, à cette date, spécialement pour Valleiry, dans son ouvrage : “ Ternier et Saint-Julien ”, pages 168 et 200.

Une autre abjuration – celle-ci quadruple – eut lieu le dix-neuvième jour de juin de la même année 1757, de l’honorable Pierre à feu Bernard Poncet, de la dite paroisse, âgé d’environ 46 ans ; de Jeanne-Françoise-Barbe, sa femme, âgee d’environ 44 ans ; de Jean Poncet, âgé d’environ 14 ans et de Jeanne Poncet, âgée d’environ 12 ans – ces deux derniers, enfants des premiers, tous quatre nés et élevés dans les erreurs et hérésies des prétendus réformés ”. L’acte est signé des mêmes qu’au jour de Pâques précédent et, de plus, par Pierre Poncet, le chef de cette maison. D’ailleurs, un autre rameau de la famille Poncet alla faire souche protestante à Chancy.

Le 13 février 1763, jour de dimanche, une autre abjuration encore – celle de l’“ honorable Jean-Barthélemy, fils de Charles-Henri Trippe, natif de Saxe-Hildloghausen, âgé d’environ 32 ans, né et élevé dans les erreurs et hérésie de Luther, et de honorable Marie, fille de feu Laurent Ducloz, native de Berlin, femme du dit Jean-Barthélemy Trippe, âgée d’environ 31 ans, née et élevée dans les erreurs et hérésie de Calvin. ”

Révérend Blanc indique, entre ceux qui furent présents à cet acte, une dame Fontaine, demeurant au château de Faramaz, paroisse de Vulbens ; puis Jacques Saultier, Pierre Poncet, Empierre Major, et encore Jean-Marie Ballet, les-quels, dit-il, “ ont signé cy-après, de même que les dits Trippe et Ducloz ”.

Qu’étaient ces deux Allemands ? Sans doute, des serviteurs ou précepteurs chez Mme Fontaine dont le nom – le sien ou celui de ses ancêtres – a peut-être été donné au hameau de La Fontaine, tout proche du château de Faramaz.

 

Le 25 janvier 1764, Rd Blanc eut une bénédiction, soit baptême de cloche. Il raconte le fait trop brièvement – cette fois en latin. Voici la traduction : “ Cette cloche, la plus grosse de l’église, fut bénite en l’honneur de Saint-Etienne. Elle est du poids de 599 livres, dont chacune est de 18 onces. Elle a coûté 82 as de Savoie ou plutôt de Piémont. Elle a été fondue à Genève, au mois de Novembre dernier et non pas au mois de Juillet (mense quintili) comme le porte l’inscription qu’a établie M Ripper, secrétaire de la Commune de Valleiry. ” On aimerait que Rd Blanc eût donné le nom ou les noms des donateurs de cette cloche.

Le très discret Curé signale la consécration du maître-autel de son église, en des termes trop laconiques encore : “ L’an 1768 et le onzième jour du mois de May, Mgr l’Evêque et Prince de Genève, Jean-Pierre Biord, faisant la visite de l’église et de la paroisse de Valleiry, a consacré le maître-autel de la dite église ”. C’est tout !

Mais l’Evêque fit rédiger par son secrétaire ou greffier, G. Buttin, un document pour perpétuer la mémoire de cette visite, d’une particulière importance, parce qu’elle allait mettre au point certains détails concernant l’église de la paroisse.

Tout d’abord, le chef du diocèse voulut se rendre compte si le Saint-Sacrement, les Saintes Huiles, les Reliques, les Fonts baptismaux, les Registres et le Cimetière étaient dans l’état prescrit par le droit canonique.

C’est dans ce document qu’il est dit que la paroisse contient 45 feux, 260 âmes dont 150 de Communiants. Selon la moyenne généralement adoptée pour l’époque – 6 personnes par famille – c’était, évidemment, une petite paroisse, mais il n’y avait pas dépopulation. Le Curé – fait préciser l’Evêque – a pour charge de célébrer une Messe basse, les dimanches, et une Grand’Messe aux jours solennels – les Vêpres dans l’après-midi. Il doit faire la prière, aux fêtes et dimanches, avant la Messe ; le Catéchisme également tous les dimanches, par interrogat. C’était très utile pour ces fidèles qui s’étaient négligés si longtemps, au point de vue spirituel. De plus, le Curé doit remplir toutes les fonctions curiales, selon les ordonnances et Constitutions synodales.

 

Il est tenu d’entretenir le luminaire de l'église – en cire pure. Chaque année, il doit célébrer une Messe pour le Roi. Du reste, celui-ci qui avait été très généreux envers l’église de Valleiry, s’en était réservé ce qu’on appelait au Moyen-Age, le patronage : ce qui comportait le droit de présenter à l’Evêque un candidat pour la cure vacante.

 

Puis – suivant la très sage coutume de l’Eglise de ne pas consentir à l’érection d’une paroisse sans qu’il y soit pourvu par des revenus suffisants, l’Evêque indique de quoi le Curé de Valleiry pourra vivre. Il aura la jouissance de la maison presbytérale, d’une grange, d’un jardin, d’une chènevière et de deux prés : l’un situé à “ la Combaz”, l’autre, pour cinq parts sur douze, ayanf, appartenu “  au Sieur Lyonnaz ”. Les prés, le presbytère, le jardin, la chènevière ont été donnés par le Roi de Sardaigne, par patentes du 26 Décembre 1754, avec la pension annuelle de 533 livres, 6 sols, 8 deniers, dont 400 sont payées sur les Finances royales et les 138 livres, 6 sols, 8 deniers restants sont affectés sur la dîme de Valleiry et payés par le Sieur Baron de Blaunay, acquéreur de la dite Dîme ”. C’était heureux que le Curé n’eut pas à percevoir directement chez ses paroissiens.

Il avait la jouissance encore d’un autre pré situé au lieu dit “ Vers la Croix ”. Enfin on lui versait quelques offrandes, à l’occasion des Baptêmes, des Sépultures et des Anniversaires. Sur cet article, il y a une différence établie entre les Communiants et les non-Communiants. L’Evêque entendait ainsi rappeler indirectement la discipline du IVè Concile de Latran.

Le procès-verbal continue : “ Mgr a visité les deux chapelles qu’il y a dans l’église : l’une, sous le vocable de la Sainte-Vierge et l’autre, de Saint-Pierre: toutes deux sans recteur et sans revenu ”.

L’acte de cette visite fut établi en “ l’assistance de Marin Dunoyer, sindic (sic), Marin Chautens (sic) et François Martin, conseillers ; Pierre Berruard, Claude-Louis Sauttier, Pierre Major, Pierre Gallay, François Chappet, François à feu Louis Favre, François Major, François Ballet, Edmond Bron et de presque tous les paroissiens, en présence de Révérend Joseph Brunet, Curé de Chevrier, et de Révérend Joseph-Marie Forestier, Curé de Vulbens, témoins requis qui ont signé dans le Registre avec Sa Grandeur – Blanc, Curé, et Buttin, greffier. ”

Révérend Blanc mentionne plus tard, avec sa concision habituelle, une Mission donnée en 1770. Les RRds PPs Daudet, Gendre et Audifred, prêtres de la Congrégation de Saint-Lazare, écrit-il, ont fait la Mission à Valleiry, dès le huitième Décembre 1770, jour auquel ils ont commencé, jusqu’au 1 ” Janvier 1771 inclusivement, Mgr Jean-Pierre Biord ayant bien voulu l’accorder au peuple du dit Valleiry et ériger, tout de suite, les Confréries du Saint-Sacrement et du Rosaire ”.

Le bon Curé ne dit pas s’il fut satisfait du résultat. Nous aimerions à le savoir pour juger de l’esprit de ses fidèles.

Depuis ce moment, nous ne voyons plus d’abjuration. Peut-être n’y avait-il plus de Protestants à Valleiry, ou bien – comme il arrive souvent – Révérend Blanc avait eu quelques consolations religieuses dans le début de son ministère – pour tomber ensuite dans le marasme du piétinement ordinaire qui ne permet pas de se rendre compte si l’on avance ou si l’on recule. Alors l’on demeure plutôt silencieux.

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