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Edité par RingSurf
Livre d'or
Chapitre VIII

 

Chapitre VIII

 

 

Les successeurs de Rd Pierre Dubouchet jusqu’en 1940.

  • Révérend de Chevilly (1864-1873)
  • Après Révérend Dubouchet, Révérend Claude-Jules de Chevilly, né à Seyssel, le 11 juillet 1814, nommé Curé de Valleiry, le 21 octobre 1864, y passa une vie assez tranquille. Son prédécesseur avait si bien organisé la paroisse !
  • Le nouveau Curé tient ses Registres d’une façon impeccable. Je l’ai connu. Il portait sur sa personne un air de dignité peu ordinaire.

    Bien que de famille noble, il ne négligeait pas le travail manuel. C’est lui qui a créé le jardin potager du presbytère avec ses arbres variés dont l’agrément ne nuit pas à l’utilité.

    Administrateur tout à son devoir, il paraît que, chez lui, l’atavisme enlevait quelque chose de l’amabilité condescendante. Un maire de la Commune, qui l’était déjà lors de la consécration de l’église, me raconta, un jour, que Révérend de Chevilly décida de son départ de Valleiry à cause d’une “ rosserie ” qui lui fut infligée à l’occasion de la sépulture d’un jeune homme.

    Les droits des Curés – reconnus soit par les lois ecclésiastique et civile, soit par la coutume – sont des droits, encore que minimes. Si on les laisse aller à vau-l’eau, ils sont vite périmés. L’administration diocésaine, pour le bien général, préfère un peu de fermeté à la faiblesse. Révérend de Chevilly aima mieux aller exercer ailleurs cette vertu de fermeté qu’il possédait que de batailler avec ses paroissiens pour une question de détail. D’ailleurs, l’autorité ne le desservit pas. Il fut nommé Curé-Archiprêtre d’Alby, le 11 mars 1873, et il mourut en retraite à Annecy-le-Vieux, le 10 mai 1906, à l’âge de 92 ans.

     

    Révérend Louis Balleydier (1873-1881)

     

    Son successeur à la Cure de Valleiry fut Révérend Louis Balleydier, né à Copponex, le 25 août 1825. Il arriva jeune encore. Mais il tomba bientôt malade. Cependant il ne demeura pas inactif.

    Il est assez ordinaire que les Curés profitent des premières années de leur ministère dans une paroisse pour procéder aux améliorations qu’ils croient utiles. C’est le moment le plus favorable. N’ayant pas encore eu de difficultés, ils ont plus de chances d’être entendus et suivis par leurs paroissiens.

    Révérend Balleydier eut l’idée, la bonne idée de faire peindre l’église, comme il le dit lui-même dans ses notes. Mais l’on se trouvait dans la période du fameux Seize-Mai 1877 et sous le coup encore du désastre de 1870. Les esprits étaient surexcités presque partout – en Savoie plus qu’ailleurs en France. – L’on gardait une sotte rancune contre les Curés qui avaient précédemment orienté les votes du plébiscite en faveur de Napoléon III. Jeunes ou vieux, les prêtres avaient à encaisser des affronts.

    La souscription lancée par Révérend Balleydier ne réussit qu’à moitié. Voici ce qu’il en écrit : “ L’église a été peinte en octobre et novembre 1876, par Messieurs Carmelino et Magni. Les peintures ont coûté 723 francs, savoir : 1º Pour main-d’œuvre payée aux peintres : 680 fr. ; 2º Dépenses faites pour les bois des pontonnages :

    98 francs ”. Que faire de beau avec une aussi petite somme ! Les anciens de la paroisse ont vu ce travail : il n’avait rien d’agréable à l’œil.

    “ Cette dépense, continue Révérend Balleydier, fut couverte par le produit d’une quête faite à domicile qui s’est élevée à la somme de 524 fr. et le déficit, c’est-à-dire 197 francs, a été fourni par le Conseil municipal ”. Il n’y avait donc pas d’hostilité officielle, à Valleiry, contre le promoteur de l’œuvre. Mais, dans certaines familles, c’était autre chose.

    Citons toujours. Ils sont intéressants les Curés qui écrivent et agissent à la fois.

    “ Mme Zwalhen, née Martin, a donné 100 fr. ; M. le Curé, 100 fr. ; M. Chautemps, 50 fr. ; M.Buet, 20 fr. ; Fs Favre, 20 fr. ; Antoine Ballet et sa femme, 10 fr. ; Nouvel André, L. Ballet, Jean-Marie Favre, Robert Perrier, Rieordi, Marin Vuichard, Gay de Jurens, M. Barbier, avoué, Dubois de Saint-Julien, Corajoud Nicolas, Antonioz Jean, Ballet Louis feu Etienne, M. Blanc, ont donné chacun 5 francs. Tous les autres dons sont inférieurs. ”

    Suit une ribambelle de noms de ceux “ qui ont refusé de donner ”. Je ne les cite pas. Non : l’heure n’était pas propice. Mais le Curé ne pouvait pas revenir en arrière, une fois l’œuvre lancée.

    Du reste, il ne se découragea pas pour cet échec. N’y a-t-il pas toujours quelque chose à faire ou à refaire dans un presbytère et dans une église ?

    “  Les escaliers de la cure, écrit-il, ont été refaits en ciment romain, en 1878. Cela a coûté 65 francs dont 50 ont été payés par le Curé et le reste par la Fabrique ”, c’est-à-dire par l’administration de la paroisse.

    Puis : “ L’autel du Rosaire a été construit par M. Magni Thomas, marbrier à Saint-Jeoire, et inauguré le 6 avril 1879. Il a coûté mille francs, laquelle somme a été payée par le moyen des cotisations annuelles des Confréries du Saint-Sacrement et du Rosaire. ”

    C’est donc à tort qu’on se représenterait les Curés mêmes malades ou maladifs comme des paresseux bâillant aux corneilles.

    Révérend Balleydier mentionne, dans son cahier de fondations, qu’une Mission fut donnée en 1852. Nous l’avons dit déjà : c’était sous Révérend Dubouchet. Le bon Curé ajoute qu’une autre fut donnée, en 1865, par des Pères Jésuites, et en 1875, par des Liguoriens. Toutes les trois, dit-il, ont très bien réussi.

    Révérend Balleydier dut prendre sa retraite prématurément. Il le fit le 11 juillet 1881 et mourut, environ dix ans après, à Saint-Julien, le 18 janvier 1891.

    • Révérend Jean Chaumontet (1881-1906)
  • Révérend Jean Chaumontet, son successeur, né à Chessenaz, le 7 mars 1843, eut à gémir de toutes les luttes de cette époque contre la religion. Bien que, dans sa paroisse, on fut toujours pour l’accommodement, il souffrit de l’amoindrissement systématique voulu, en haut lieu, de l’autorité du prêtre.
  • C’était le temps des règnes successifs de Jules Ferry, de Paul Bert, de Waldeck-Rousseau et enfin du petit père Combes.

    Ingérence dans les affaires d’église et de paroisse, suppression des Congrégations religieuses, loi de Séparation ; Révérend Jean Chaumontet vit tout cela.

    La municipalité avait fait surélever le clocher de la maison de Dieu. C’était un geste aimable pour la religion et pour son représentant. Les réparations au presbytère étaient toujours exécutées à point nommé. Mais cette bienveillante activité n’arrêtait pas les effets des lois qu’on a appelées d’exception.

    Si agréable que fut le caractère de Révérend Chaumontet, si facile qu’il eût la plaisanterie, il demeurait atterré en face des ruines qui s’accumulaient.

    Victimes des événements qui ont toujours une répercussion sur les âmes, beaucoup de ses paroissiens vivaient dans l’indifférence religieuse.

    Il est juste cependant de dire que son chœur de chantres fidèles était bien fourni, Il les cultivait ; il les aimait. C’était pour lui comme une garde d’honneur.

    Révérend Chaumontet mentionne deux Missions qui furent données sous son ministère : l’une, en 1886, par les Missionnaires de Saint-François de Sales – Pères Messelod, directeur, Thévenod et Brachet – ; l’autre, en 1895, par les Pères Gaud, Sublet et Favrat. Il se contente de cette vague appréciation : Bien réussi, sans autres détails, pas même celui de la plantation d’une croix au village. Sans doute, Révérend Chaumontet ne pouvait que se féliciter des Missionnaires qui lui avaient été envoyés.

    Mais dans le cours ordinaire, le nombre des communions pascales – surtout celle des hommes – avait diminué de moitié, depuis le temps de Révérend Dubouchet. Les enfants qui sentent plus qu’on ne le pense ce qu’il y a dans l’air, étaient très pénibles au catéchisme. Dans l’intimité, Révérend Chaumontet pleurait sur l’état de sa paroisse : on me l’a affirmé.

    Du reste, de même que la vue de son champ dévasté par la grêle met la mort dans l’âme du cultivateur, ainsi, pour le prêtre, la dévastation et le ravage des consciences de ceux dont son Evêque lui a confié le soin. Il se demande s’il n’est point pour une part dans ce malheur spirituel. Il vit dans l’angoisse et, de ce fait, plus facilement qu’un autre, peut tomber sous le coup d’une attaque brusquée d’apoplexie qui s’est préparée sournoisement par un état d’amertume invincible.

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